O Professor tira dúvidas

Maio 30 2010

 


XVII Congrès – La Grammaire en Action
Associação Portuguesa de Professores de Francês
Coimbra, 7 de Novembro de 2009
La Grammaire selon Orsenna
José Miranda
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, nous ne parlerons pas de Grammaire aujourd’hui, du moins, au sens strict, purement linguistique, didactique ou même théorique.
Dans cet atelier, nous avons l'intention de présenter, tout d’abord, trois œuvres d'un Auteur français contemporain, Erik Orsenna (Paris, 1947 -), consacrées à la grammaire : La Grammaire est une chanson douce (2001), Les Chevaliers du Subjonctif (2004) et La Révolte des accents (2007), publiées par Stock et déjà traduites en portugais (les deux premiers titres) par Editions Asa[1].
Nous présenterons aussi, plus brièvement, d’autres Auteurs qui ont fait aussi des approches «différentes» de la Grammaire.
Ensuite, nous essayerons aussi de présenter quelques propositions didactiques / applications en classe de cette approche d’Orsenna.
Dans ces œuvres, l'Auteur, conseiller et auteur de quelques discours de Mitterrand, membre de l’Académie Française, Prix Goncourt 1988, fou de Tintin et de la mer, économiste… nous emmène dans un voyage à travers la langue et la culture françaises, en utilisant les éléments de la langue comme personnages d’un récit en quatre parties, pour le moment, dans un but en même temps didactique et littéraire, ce qui fait du discours grammatical un sujet littéraire, d’une manière créative et originale.
En bref, dans ces livres, l'Auteur met en jeu des éléments de la grammaire, personnifiés, en les utilisant pour raconter une histoire, pour atteindre deux objectifs : enseigner et s’amuser avec la grammaire française.
Le premier livre, La Grammaire est une chanson douce, publié en 2001 et traduit en portugais en 2003, nous raconte l'histoire de deux frères, Jeanne, de dix ans, et Thomas, de quatorze ans, en voyage transatlantique à bord d'un navire, où se dispute un championnat de Scrabble. Le navire est pris par une violente tempête et naufrage. Les deux frères s'échappent dans une île.
Dans cette île, les deux frères, incapables d'articuler un son, parce que le vent a soufflé tout son vocabulaire, rencontrent Henri (Salvador)[2] et son neveu qui vont les conduire au Marché et à la Ville des Mots, où ils rencontrent les Noms, les Articles, les Adjectifs, les Pronoms et les Adverbes.
Ils vont aussi visiter l'Usine des Phrases, où travaillent les Verbes, les différents Temps, les Prépositions et les Conjonctions. Jeanne et Thomas vont aussi rencontrer trois écrivains français: Saint-Exupéry, Proust et La Fontaine.
L'originalité de cette histoire est fondée sur la personnification des éléments grammaticaux, qui gagnent une existence «physique» et interagissent les uns avec les autres pour construire la langue et permettre aux deux frères de reprendre la maîtrise du français. Plus qu'une description physique de ces éléments, l'Auteur décrit leurs caractéristiques linguistiques / psychologiques, par exemple, les Adjectifs adorent imiter les Noms et se marier avec eux, selon le genre et le nombre, parmi d'autres caractéristiques décrites.
– Bénissez la chance, mes enfants, d’avoir vu le jour dans l’une des plus belles langues de la Terre. Le français est votre pays. Apprenez-le, inventez-le. Ce sera, toute votre vie, votre ami le plus intime.
(ORSENNA, 2001, 14)
(…) Car les mots s’organisent en tribus comme les humains. Et chaque tribu a son métier. Le premier métier, c’est de désigner les choses. (…) Les mots chargés de ce métier terrible s’appellent les noms. La tribu des noms est la tribu principale, la plus nombreuse.
(…) [Il y a aussi] la toute petite tribu des articles. Son rôle est simple et assez inutile, avouons-le. Les articles marchent devant les noms, en agitant une clochette : attention, le nom qui me suit est un masculin, attention, c’est un féminin!
(…) Les noms et les articles se promènent ensemble, du matin jusqu’au soir. Et du matin jusqu’au soir, leur occupation favorite est de trouver des habits ou des déguisements. À croire qu’ils se sentent tout nus, à marcher comme ça dans les rues. Alors ils passent leur temps dans les magasins. Les magasins sont tenus par la tribu des adjectifs.
(…) – Bonjour, je me trouve un peu simple., j’aimerais m’étoffer.
– Nous avons tout ce qu’il vous faut dans nos rayons , dit le directeur en se frottant déjà les mains à l’idée de la bonne affaire.
(…) – Attends, l’interrompit l’adjectif, tu vas trop vite en besogne. Nous ne sommes pas encore accordés.
(…) – Je me demande si j’ai eu raison. Tu ne serais pas un adjectif un peu collant?
– Tous les adjectifs sont collants. Ça fait partie de leur nature.
(ORSENNA, 2001, 80-83)
La deuxième partie de l'aventure a continué en 2004 avec Les Chevaliers du Subjonctif, traduit en portugais en 2006.
Dans ce livre, après le naufrage et reconquise la maîtrise du français, les deux frères essayent de répondre à la grande question: “Qu’est-ce que l’Amour?”
Jeanne rencontre un cartographe et survole les îles du Subjonctif, en essayant de les cartographier, mais sans succès, car elles changent constamment de forme.
Cela arrive parce que le Subjonctif c’est le temps des possibilités, des hypothèses, de l'Amour, comme l’explique l'Auteur.
,Après des rencontres avec Melville, Hemingway et Conrad, les écrivains de la mer, Jorge Luis Borges et les plus inattendus: Madonna, Daniel Conh-Bendit, Jacques Cousteau et Fidel Castro, Jeanne part vers l’île de l’Indicatif.
Dans ce livre, l'Auteur préfère utiliser des analogies pour expliquer les particularités du Subjonctif, parmi d'autres.
Pour reposer leur cerveau, mes amis, même les plus âgés, s’imposaient toutes les demi-heures cinq minutes de course sur la plage : les vrais grammairiens sont des athlètes. Durant l’exercice, le monsieur propret n’avait pas quitté son chapeau.
(…) – Vous voulez dire que vous n’aviez jamais entendu parler de nous? Hélas, c’est bien le problème. Nos travaux n’intéressent plus le grand public. Que faire?
(…) –Si j’ai bien compris, le subjonctif est le temps du possible. Alors le subjonctif appartient à la même famille que les bateaux.
(…) – Quand vous avez un bâteau, vous pouvez aller partout. D’accord? Rien ne vous retient. Donc le bateau est un outil typiquement subjonctif.
(ORSENNA, 2004, 126-128)
Le subjonctif est le mode du doute et de l’espérance. Le subjonctif est le mode de l’amour.
(ORSENNA, 2004, 147)
La saga continue avec La Révolte des Accents, publié en 2007.
Dans ce volume, l'Auteur emmène nos héros dans une autre île, où les accents des mots tout simplement ont disparu, ce qui occasionne d'importants malentendus.
Jeanne part à la recherche des accents et les trouve dans l’Himalaya, le pays des Accents, fatigués d'être maltraités et indésirables. Sur ces hauteurs, Jeanne va commencer à découvrir ce que c'est qu'aimer : accentuer sa vie. Après beaucoup d’aventures, les accents reviendront à leur place et tout le monde reconnaît leur rôle.
Cette fois-ci, Jeanne rencontre Pessoa, Apollinaire, Madonna, Johnny Depp, Vanessa Paradis, Fidel Castro et Vladimir Putin.
Dans ce livre, pas encore traduit en portugais, la traduction peut présenter d'importantes difficultés, car la fréquence des accents en français semble supérieur, ce qui peut réduire l'effet de l’original dans une traduction plus littérale.
Don Luis sursauta. N’importe qui d’autre n’aurait sans doute rien remarque. Mais avant de régner sur notre île, notre maire avait, vingt ans durant, exerce la noble fonction d’instituteur.
Les questions de langue, de grammaire, de ponctuation étaient sa passion.
Voyons, Henri! Comment parles-tu, aujourd’hui?
– Mes dents, sans doute, l’absence de dents.
(…) – Vous n’avez pas releve? Mon Dieu, moi aussi je suis contamine.
(…) – Il me semble… je ne voudrais pas… je crois bien que les accents, nos accents aussi, oui, c’est bien ça, se sont revoltes. Et le pire, c’est qu’ils m’avaient prevenu.
Comment ça? (ORSENNA, 2007, 41, 42)
Il est également important de souligner le fait que dans les œuvres d'Orsenna, les aspects culturels et littéraires français, francophones (et autres) sont toujours présents, soit par la mention des noms des Lettres ou de la Musique tels que La Fontaine, Marcel Proust, Saint-Exupéry, Piaf, Henri Salvador, mais aussi Herman Melville, Joseph Conrad, Ernest Hemingway, les écrivains de la mer et le voyage (bien comme Orsenna), Shakespeare, la comédie musicale, dans un voyage de mondialisation culturelle, un peu à l'image des multiples intérêts de l'Auteur.
Un autre aspect original de ces trois œuvres c’est l'utilisation d'illustrations, de diagrammes, d’entrées de dictionnaire, de caractères des autres langues / grammaires (japonais, arabe, hébreu, hiéroglyphes égyptiens ...) pour soutenir et l'illustrer le message écrit, ce qui rend ces œuvres des objets hybrides, sans destinataires spécifiques, parfois autour de l'étiquette enfantine, mais aussi très proche de la mélancolie des réflexions d'un adulte face à la vie et à la langue dans laquelle nous vivons sur les plans affectif et intellectuel, ou même les souvenirs de l'apprentissage à l’enfance.
En somme, ces livres peuvent être lus par des adolescents et des adultes, parce qu’Orsenna cherche la divulgation, «la défense et l’illustration de la langue française» en bon académicien.
Le même problème se pose avec le genre littéraire de ces livres.
Ce ne sont ni Grammaires, ni Romans ou Contes, ils sont proches des stratégies des Fables, entre le Réel et le Fantastique, l’Essai, ce qui permet de différents types et niveaux de lecture.
Le travail d’Orsenna est reconnu par des prix et tirages, cependant il y a aussi quelques critiques de cette approche de succès, tant de la part de jeunes lecteurs dans des blogs et des sites Web pour les jeunes, tant de la part de journalistes moins influencés par ces phénomènes éditoriales, qui ont permis à Stock une situation financière plus agréable.
Egalement originale et l'actuelle, est aussi la page d'accueil («archipel») de l'Auteur[3], où l'on trouve des critiques littéraires, un ensemble de textes de revues et de journaux sur les romans, des activités de compréhension / jeux sur les livres, et une courte biographie à la première personne.
En somme, une continuation digitale des œuvres d’Orsenna et un moyen de contact avec ses lecteurs.
Cette tendance, en ce qui concerne l'approche littéraire / ludique de la Grammaire (ou des aspects de la langue), a aussi d'autres précurseurs / adeptes dans la scène littéraire française, unis dans le contenu, c'est-à-dire, l'Amour de la langue, exprimé de plusieurs façons, selon le public, les objectifs et la créativité de chaque Auteur.
Nous avons travaillé des Auteurs comme Fasola et Lyant, Chalaron et Rœsch, Vieira da Silva et Guéguen qui partaient de l’image pour exploiter la langue; d’autres comme Detambel, Julaud et Fournier ont préféré l’humour; Jaskarzec, le jeu; Reinach, la lettre comme stratégie d’apprentissage; Rambaud, le dialogue; Pennac, l’essai et les mémoires; Robbe-Grillet, le roman, par exemple[4]
Unis dans l'amour de la langue, tous ces Auteurs ont essayé de transmettre de façon originale et moins «douloureuse» des enseignements sur la langue, en éveillant dans leurs publics le désir d'apprendre et de maîtriser le français.
C'est cette voie créative qui a émergé le plus fortement à partir de ces trois œuvres d’Orsenna : La Grammaire est une Chanson douce, Les Chevaliers du Subjonctif et La Révolte des Accents que je vous invite à parcourir.
En résumé, Orsenna consacre ces livres au Français dans ses aspects didactiques, littéraires et culturels, en utilisant les éléments de la Grammaire comme thème d'un récit grammatical, mais aussi littéraire et culturel, des aspects sans cesse véhiculés par la langue, ne concevant pas le travail de la langue purement «grammatical» sans les autres composants.


Bibliographie active
ORSENNA, E. (2001). La Grammaire est une chanson douce. Paris: Editions Stock.
ORSENNA, E. (2003). A Gramática é uma doce Canção. (I. ST. AUBYN, Trad.) Porto: Edições Asa.
ORSENNA, E. (2004). Les Chevaliers du Subjonctif. Paris: Editions Stock.
ORSENNA, E. (2006). Os Cavaleiros do Conjuntivo (1ª ed.). (H. S. PEREIRA, Trad.) Porto: Edições Asa.
ORSENNA, E. (2007). La Révolte des Accents. Paris: Editions Stock.
Bibliographie passive
CHALARON, M. L., & ROESCH, R. (1984). La Grammaire autrement - sensibilisation et pratique (1ª ed.). Grenoble: Presses Universitaires de Grenoble.
DETAMBEL, R. (1998). La Comédie des Mots. Editions Gallimard Jeunesse.
DUARTE, I. M. (2002). Gavetas de Leitura : Estratégias e Materiais para uma Pedagogia da Leitura (1ª ed.). Porto: Edições Asa.
DUFEU, B. (1996). Les Approches Non Conventionnelles des Langues Etrangères. Paris: Hachette.
DURAND, M., & BERTRAND, G. (1975). L'Image dans le livre pour enfants. Paris: L'Ecole des Loisirs.
EGAN, K. (1994). O uso da narrativa como técnica de ensino. Lisboa: Publicações D. Quixote.
FASOLA, P., & LYANT, J.-C. (1984). Grammaire turbulente du Français contemporain. Paris: Editions Ramsay.
FOURNIER, J.-L. (1992). Grammaire Française et Impertinente. Paris: Editions Payot et Rivages.
FUNK, G. (2005). Os Agentes da Ordem Gramatical : Como rindo se aprende a Gramática da Língua Portuguesa. Porto: Edições Asa.
GERMAIN, C., & SEGUIN, H. (1998). Le Point sur la Grammaire. Paris: Clé international.
HENRIQUES, A. (2002). Saber sentir e sentir o saber : emoção e razão no conhecimento e na mudança. Cadernos de Criatividade , 4, pp. 17-21.
JASKARZEC, P. (2005). Le Français est un jeu. Paris: Librio.
JULAUD, J.-J. (2004). Le Français Correct pour les Nuls. Paris: Editions Générales First.
JULAUD, J.-J. (2004). Le petit livre de la grammaire facile. Paris: Editions First.
LINDEN, S. V. (2004, décembre). L'Album, le Texte et l'image. AEIOU : Revue de Littérature pour la Jeunesse, pp. 4-11.
MIRANDA, J. (2007). Jogar a Aprender - Reflexão Pessoal sobre o Jogo na Escola. Realizado no âmbito do 2º semestre do Mestrado em Estudos Francófonos, Universidade Aberta, Didáctica das Expressões e das Artes 2, Lisboa.
MIRANDA, J. (2009). 8º Encontro Nacional da APP - Gramática, para que te quero?! Como uma Gramática (pp. 22-24). Lisboa: Lisboa Editora.
MOIRAND, S., PORQUIER, R., & VIVÈS, R. (Eds.). (1989, février-mars). ... Et la Grammaire. Français dans le Monde . Paris: FDLM.
NERY, J. (1993). Na casa da Língua moram as Palavras. Porto: Asa.
PENNAC, D. (1995). Comme un Roman. Paris: Gallimard.
PENNAC, D. (1997). Como um romance (8ª ed.). (F. P. BOLÉO, Trad.) Porto: Edições Asa.
PENNAC, D. (2007). Chagrin d'école. Paris: Gallimard.
RAMBAUD, P. (2007). La Grammaire en s'amusant. Paris: Editions Grasset.
REINACH, S. (2007). Sidonie ou le Français sans peine. Paris: Editions Tallandier.
ROBBE-GRILLET, A. (2005). Djinn - Un trou rouge entre les pavés disjoints. Paris: Editions de Minuit.
SÁ, E. (2002). Os Manuais deviam ser Revistas Cor-de-Rosa. In A Vida não se aprende nos Livros (pp. 121, 122). Lisboa: Oficina do Livro.
SAMPAIO, D. (2007, Outubro 28). Brincar. Pública.
SÉOUD, A. (1997). Pour une Didactique de la Littérature. Paris: Editions Didier.
VIEIRA DA SILVA, M. H., & GUEGUEN, P. (2001). Madame la Grammaire et le théâtre du discours. In Kô et Kô e outras histórias (pp. 31-49). Lisboa: Fundação Arpad Szenes - Vieira da Silva / Câmara Municipal de Lisboa


[1] L’ Auteur vient de publier Et si on dansait?, la suite de cette aventure.
[2] Le fameux chanteur de Une chanson douce, l’inspiration du titre du livre.
[3] <http://www.erik-orsenna.com/>
[4] Il faut ajouter qu’il y a aussi beaucoup d’Auteurs portugais qui utilisent quelques stratégies référées, non seulement au niveau du genre littéraire : poésie, romain, texte utilitaire, mais aussi le théâtre, comme Gabriela Funk et Júlia Nery.
publicado por OPTD às 23:32

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